Michel Legrand est mort, retour sur sa carrière


Le musicien, compositeur de musique, chanteur, orchestrateur Michel Legrand, est décédé dans la nuit à Paris à l’âge de 86 ans.

Au cours d’une carrière de plus de 50 ans qui lui a valu une renommée mondiale et trois Oscars pour ses musiques de films, ce musicien touche-à-tout a travaillé avec les plus grands, de Ray Charles à Orson Welles, en passant par Jean Cocteau, Frank Sinatra, Charles Trenet et Édith Piaf. “Depuis que je suis enfant, mon ambition a été de vivre complètement entouré par la musique. Mon rêve était de ne rien rater. C’est pourquoi je ne me suis jamais fixé sur une seule discipline musicale”, expliquait-il.

Né à Paris le 24 février 1932, Michel Legrand appartient à une famille de musiciens : son père est compositeur et chef d’orchestre, tout comme son oncle. “Le monde de l’enfance, la mienne, était un monde solitaire. Je n’aimais pas aller à l’école”, se souvenait-il. Michel Legrand trompe son ennui en reproduisant au piano les chansons qu’il entend à la radio. À 10 ans, il entre au Conservatoire de Paris. C’est une révélation. “Moi qui détestais la vie, quand je suis rentré pour la première fois au Conservatoire, j’ai franchi le seuil d’un monde magique où il n’était plus question que de musique: le bonheur”, confiait-il.

À sa sortie, guidé par son père, il se lance dans le milieu de la chanson. Il travaille pour Henri Salvador, puis pour Maurice Chevalier, dont il devient directeur musical.

Voici une video pour nos élèves de 5ème où Michel Legrand et Henri Salvador s’offrent un duel en scat :

Il se passionne très vite pour le jazz, en parallèle du classique qu’il étudie. Il devient alors arrangeur, compositeur, et surtout leader dans diverses formations, jusqu’à travailler avec les plus grands : en 1958, il parvient à réunir Miles Davis, John Coltrane, Donald Byrd, Bill Evans et Ben Webster pour enregistrer l’un de ses albums phares, Legrand Jazz, une de ses pièces maîtresses.

Mais c’est avec le cinéma qu’il va accéder à une renommée supérieure : Jean-Luc Godard, Agnès Varda, éminents membres de la Nouvelle Vague, font appel à ses talents.

Une rencontre est décisive : celle avec Jacques Demy. Désargentés mais plein d’idées, les deux hommes créent une nouvelle forme de film musical, ancré dans la vie contemporaine et où les dialogues sont entièrement chantés. Les parapluies de Cherbourg, puis Les Demoiselles de Rochefort et Peau d’âne les propulsent au firmament du septième art. 

En pleine gloire, Michel Legrand décide à nouveau de tout quitter et s’installe aux États-Unis en 1966. Henry Mancini, grand compositeur pour le cinéma, lui ouvre les portes d’Hollywood et lui donne une formidable opportunité : celle d’écrire la musique de L’affaire Thomas Crown (avec Faye Dunaway à Steve McQueen). Pour son travail, il reçoit l’Oscar de la meilleure chanson originale en 1969 pour The windmills of your mind (deux autres statuettes suivront pour Un été 42 (1972) et Yentl (1984)). Interprétée en anglais par Noel Harrison, la chanson avait été ensuite traduite en français (Les moulins de mon cœur) par Eddy Marnay et chantée par Michel Legrand lui-même.

Il écrivit aussi la musique de Jamais plus jamais, qui marquait le retour de Sean Connery dans le rôle de l’agent secret 007. «Je trouvais marrant d’avoir un James Bond dans mon escarcelle», confiait-il en 2009. 

La curiosité musicale de Michel Legrand et son goût de l’innovation l’ont fait osciller entre des tendances très diverses ; compositeur, arrangeur, orchestrateur, il est aussi un chef d’orchestre estimé et un pianiste virtuose de jazz. Michel Legrand a dirigé entre autres les orchestres de Pittsburgh, du Minnesota, de Buffalo, de Vancouver, de Montréal.

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