Personnalité magnétique et icône pop, Michael Jackson a beaucoup inspiré les artistes contemporains, des années 80 à nos jours.
C’est ce que met en lumière l’exposition « On The Wall » présentée au Grand Palais, à Paris, du 23 novembre au 14 février 2019.
Disparu en 2009, et alors qu’il aurait eu 60 ans le 29 août dernier, le Roi de la Pop reste dix ans après sa mort l’une des personnalités les plus influentes du XXe siècle dans la musique, la danse, les clips vidéo et la mode.
L’exposition « On the Wall », en référence à l’album « Off the wall » de 1979, a d’abord été montrée cet été à la National Portrait Gallery de Londres. Elle réunit plus de 120 oeuvres (peintures, sculptures, photos et installations vidéo) d’une quarantaine d’artistes français et étrangers, issues de collections publiques et privées du monde entier, explorant l’impact artistique de Michael Jackson.
« Les relations entre la musique et les arts plastiques sont fréquentes mais jamais elles n’ont atteint cette ampleur avec Michael Jackson. Il avait ce goût pour la grande histoire de l’art. Du coup, il a fédéré des artistes sous de multiples facettes », souligne Vanessa Desclaux, commissaire générale de l’exposition pour le Grand Palais. « Il est devenu modèle. Il continue d’influencer et d’inspirer ».
Chaque étape de la visite se penche sur une facette du chanteur : le danseur de légende, l’avènement du roi de la pop, le roi du pop art, ses métamorphoses, le citoyen du monde et enfin l’icône et l’idole.
Andy Warhol a été l’un des premiers à tomber sous le charme de l’enfant-star devenu célébrité planétaire. Leur première rencontre remonte à 1977, peu après le tournage de « The Wiz », adaptation de la comédie musicale « Le Magicien d’Oz ».
Parfois, le roi de la pop a collaboré directement avec des artistes plasticiens comme le peintre américain Kehinde Wiley (connu du grand public pour son portrait de Barack Obama) qui puise son inspiration dans le répertoire des maîtres européens et classiques du portrait à l’instar de Thomas Gainsborough, Jean-Auguste-Dominique Ingres, Joshua Reynolds ou encore Le Titien. Dans son travail, Wiley utilise l’esthétique et les techniques picturales anciennes pour des visages de l’ère moderne.
Dans son œuvre Portrait équestre du roi Philippe II (Michael Jackson) – dernière œuvre commandée par le chanteur de son vivant –, il place Michael Jackson dans la peau du roi Philippe II, et met, de ce fait, un Afro-Américain dans une posture d’homme blanc puissant. Le peintre a terminé sa peinture après la mort de Michael Jackson, pour lui rendre hommage.
En adaptant le tableau Philippe II à cheval de Pierre-Paul Rubens, peint au XVIIe siècle, Wiley s’approprie la peinture d’un grand maître, renverse les stéréotypes et remet en question les codes attachés à l’identité noire et au statut social.
Cet impressionnant tableau accueille d’ailleurs le visiteur.
On retrouve également la peinture commandée par Michael Jackson à Mark Ryden pour la pochette de l’album « Dangerous » (1991). Cette toile fourmillante de détails et de références, notamment au Jardin des délices de Jérôme Bosch, a été réalisée sur une période de six mois durant laquelle l’artiste a écouté en boucle les chansons de l’album.
On peut également admirer dans une vitrine le blouson de cuir « Dinner Jacket » réalisé par le costumier Michael Lee Bush, qui a dessiné certaines des plus mémorables tenues de tournées de Michael Jackson. Cette « veste de dîner », ornée de dizaines de mini couverts argentés (cuillères, fourchettes, couteaux), était une idée du Roi de la pop lui-même. Il aimait la porter pour recevoir dans son ranch de Neverland car le cliquetis des couverts déclenchait aussitôt le rire de ses invités.
David LaChapelle considérait Jackson comme un « Jésus américain » et en a fait une icône religieuse . Il a toujours travaillé sur une imagerie religieuse et une iconographie chrétienne propre aux Pietà. Ses sujets deviennent bien souvent des icônes contemporaines, actualisées à notre époque et incarnent des figures allégoriques.
En 1998, LaChapelle signe Le chemin s’illumine où il rend hommage au clip « Billie Jean » sorti en 1983.
On sait reconnaître Michael Jackson parmi tous grâce à un seul geste, un pas de danse, une attitude, un accessoire ou une posture. Et Appau Junior Boakye-Yiadom, un artiste qui fait appel à des techniques variées pour ses installations qui ont des airs de performances, s’est penché sur un pas de danse devenu légendaire.
Son installation P.Y.T. est composée de ballons de baudruche gonflés à l’hélium attachés à une paire de mocassins positionnés sur leurs pointes. Cette sculpture renvoie à son pas mythique « The Freeze » : le chanteur faisait des pointes sur ses deux pieds.
L’artiste Candice Breitz veut mettre en lumière la postérité de l’œuvre de Michael Jackson. Comment ses titres et son style unique continuent de traverser les époques jusqu’aux plus jeunes ? Dans son installation vidéo Le Roi (Un portrait de Michael Jackson) filmée en 2005, elle a enregistré, dans un studio berlinois, seize fans européens du chanteur, venant de différents pays et trouvés grâce à des petites annonces publiées dans des journaux et sur Internet.
Dans leur interprétation des plus grands hits a cappella de Michael Jackson, de « Billie Jean » à « Human Nature », ces fans font entendre leurs accents respectifs et quelques fausses notes. Cette imperfection et cette spontanéité font du Roi une œuvre très touchante, sincère et personnelle.
Voici le lien direct vers le site de l’expo :
https://www.grandpalais.fr/fr/evenement/michael-jackson
Rappel des précédents articles que j’ai déjà consacrés à Michael Jackson :
https://lamusiqueavecmvialatte.blog.ac-lyon.fr/2014/11/12/queen-en-duo-avec-michael-jackson/