L’Unesco consacre deux musiques : le chant lyrique italien et le boléro


L’Unesco a intégré mercredi 6 décembre 2023 le chant lyrique italien à son patrimoine immatériel, une décision saluée par Rome comme la reconnaissance d’une marque d' »excellence mondiale ». Mardi, c’est le boléro qui avait été inscrit, à la demande de Cuba et du Mexique.

 

De Scarlatti à Verdi en passant par Monteverdi, les grands airs d’opéra italiens sont chantés dans le monde entier, embellis par des interprétations célèbres comme celle du ténor Luciano Pavarotti (1935-2007). « Transmise oralement entre un maestro et un élève, cette pratique favorise la cohésion collective et la mémoire socioculturelle. C’est un moyen d’expression libre et de dialogue intergénérationnel, sa valeur culturelle est reconnue au niveau national et international », estime l’Unesco (article à lire ici). L’institution définit cet art comme « une technique de chant sous contrôle physiologique qui intensifie la puissance vocale dans des espaces acoustiques tels que les auditoriums, les arènes et les églises ».

« Après un long et minutieux travail (…) c’est une consécration officielle de ce que nous savions déjà : le chant d’opéra est une (marque d’) excellence mondiale, parmi celles qui nous représentent le mieux à travers la planète », s’est réjoui le ministre de la Culture italien Gennaro Sangiuliano dans un communiqué. « L’opéra est né en Italie », rappelait à l’AFP en mai 2022 le Français Stéphane Lissner, directeur du Théâtre San Carlo de Naples, inauguré en 1737 et à ce titre le plus ancien opéra du monde.

Mais pourquoi l’opéra italien serait-il plus légitime à entrer au patrimoine immatériel de l’humanité que ses homologues français ou allemand ? Pour Stéphane Lissner, qui a aussi dirigé la prestigieuse Scala de Milan, « la façon de chanter avec cette langue italienne provoque incontestablement, qu’on soit d’accord ou pas, la plus grande émotion chez les amateurs d’opéra ».

 

 

 

L’Unesco a aussi inscrit le boléro dans sa liste du patrimoine immatériel lors de sa session 2023 (article à lire ici).

On connaissait le boléro danse espagnole qui a inspiré le chef d’œuvre de Maurice Ravel ou la courte veste que portaient les danseurs andalous; on sait moins que le boléro est aussi un genre musical fait de mélange culturel, qui associe la langue utilisée dans la poésie européenne, les rythmes africains des esclaves et les sentiments des peuples autochtones des Amériques; il marque l’identité culturelle de Cuba et du Mexique où il s’est développé.

Le boléro est né à Santiago de Cuba dans le sud-est de l’île à la fin du XIXe siècle avant de gagner le Mexique voisin.

« C’est une musique qui te fait vivre » lance la chanteuse cubaine Migdalia Hechavarría; « Le boléro est un sentiment, c’est une chose douce, pour que les gens le savourent, pour que celui qui veut tomber amoureux puisse laisser libre cours à son amour, pour que celui qui veut donner un baiser puisse embrasser », poursuit-elle.

 

 

 

En 1932, c’est une Mexicaine, Consuelo Velázquez, connue sous son diminutif de Consuelito, qui a écrit « Besame mucho », le boléro le plus connu au monde repris par Nat King Cole, Frank Sinatra et les Beatles; le voici chanté par le ténor italien Andrea Bocelli.

 

 

 

 

 

Ce classement intervient après celui du raï, chant populaire algérien, en 2022 (article à lire ici), du chant byzantin en 2019 (article à lire ici), et du reggae de la Jamaïque en 2018 (article à lire ).

Vous pouvez retrouver la liste du patrimoine culturel immatériel sur le site de l’Unesco.

A la différence de celle du patrimoine mondial, cette liste n’est pas établie selon des critères “d’excellence ou d’exclusivité”, selon l’Unesco. Elle ne cherche pas à réunir le patrimoine “le plus beau” mais à représenter la diversité du patrimoine culturel immatériel, à mettre en lumière des savoir-faire portés par des communautés.

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