Le raï, chant populaire d’Algérie, entre au patrimoine immatériel de l’Unesco


C’est désormais officiel : le raï, “chant populaire d’Algérie” consacré jeudi 1er décembre 2022 par l’Unesco, fait désormais partie du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Moyen de véhiculer la réalité sociale sans tabou ni censure, le raï, “opinion” en arabe, aborde des thèmes tels que l’amour, la liberté, le désespoir et la lutte contre les pressions sociales.

Apparu dans les années 30, il est à l’origine pratiqué en milieu rural par des doyens qui chantent des textes poétiques en arabe vernaculaire, accompagnés d’un orchestre traditionnel.

Les prima donnas y ajoutent des idées transgressives, en chantant la liberté d’aimer et de désirer, tout en glorifiant dieu et les saints.

Les musiciens fabriquent et décorent leurs propres instruments et la transmission se fait de manière informelle, par observation, ou formelle, par apprentissage.

Au fil du temps, le raï s’impose progressivement, d’abord au niveau national lors des rituels et des mariages, puis au niveau mondial.

 

 

 

C’est au milieu des années 80 que le raï explose : sous l’influence de “Chebs” (jeunes), cette musique traditionnelle algérienne de la région d’Oran (ouest) se modernise : après un premier festival raï à Oran en 1985, ce genre musical débarque en France à l’occasion d’un festival à Bobigny, en région parisienne, en janvier 1986.

Avec ce festival, le public français découvre la voix de Cheb Khaled qui devient le premier Maghrébin à entrer au Top 50 au début des années 90 avec son tube “Didi”, et de Cheb Mami qui côtoie par la suite des stars mondiales comme Sting dans leur duo “Desert rose”.

 

 

 

Le lyonnais Rachid Taha, décédé en 2018 (article à lire ici), reprend “Ya Rayah”, chanson sur les désillusions de l’exil et le mirage du retour signée à l’origine par le maître de chaâbi Dahmane El Harrachi, et en fait une version raï électrique pour la génération beur, qui a, comme lui, grandi dans la France des seventies.

Elle devient un tube intergénérationnel qui va marquer l’apogée du raï sur la scène de Bercy en 1998, lors du concert 1,2,3 soleils, avec Khaled et Faudel.

 

 

 

Au cours des années 2000, le raï disparait peu à peu et retrouve son public confidentiel des débuts. Il a été remis au goût du jour cet été par le succès phénoménal du dernier titre de la star planétaire franco-algérienne, DJ Snake, “Disco Maghreb”, du nom de l’emblématique maison de disques oranaise, à laquelle le titre de la chanson rend hommage.

 

 

 

Ce classement intervient après celui du chant byzantin en 2019 (article à lire ici), et du reggae de la Jamaïque en 2018 (article à lire ).

Vous pouvez retrouver la liste du patrimoine culturel immatériel sur le site de l’Unesco.

A la différence de celle du patrimoine mondial, cette liste n’est pas établie selon des critères “d’excellence ou d’exclusivité”, selon l’Unesco. Elle ne cherche pas à réunir le patrimoine “le plus beau” mais à représenter la diversité du patrimoine culturel immatériel, à mettre en lumière des savoir-faire portés par des communautés.

 

 

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