3ème : Comment la musique peut-elle exprimer l’indicible ?


De tous temps, et en tous lieux, les hommes se sont faits (et se font encore) la guerre. Celle-ci détruit tout sur son passage, des villes et des villages, des pays entiers, mais aussi des vies humaines, des innocents, qui meurent parfois dans des conditions innommables.
Dans tous les domaines artistiques, les artistes, qui ont vécu ou qui ont été informés de l’horreur de la guerre, ont transmis dans leurs œuvres leurs réactions, leurs sentiments, leurs émotions, leur message.
Ces œuvres sont d’autant plus importantes qu’elles aident à fixer à jamais la guerre dans la mémoire de chacun d’entre nous, dans l’espoir que de telles horreurs ne se reproduiront plus jamais.
Nous allons réfléchir ensemble à la problématique « Comment dire l’indicible ? » à travers l’étude d’œuvres relatant les conséquences de la guerre.
Nous allons découvrir comment les musiciens ont vécu, ressenti et illustré la guerre au XX° siècle; nous apprendrons à reconnaître différents modes de jeu, à reconnaître des figuralismes, à différencier et à chanter des sons consonants ou dissonants.

Nous chanterons « Né en 17 à Leidenstadt », chanson écrite en 1990 par Jean-Jacques Goldman.
Leidenstadt signifie en allemand « ville de la souffrance » : elle n’existe pas mais symbolise les villes détruites après la 1ère guerre mondiale. Goldman décrit les difficultés à s’opposer à l’autorité et au pouvoir d’un gouvernement tyrannique.
Différents aspects du monde sont évoqués dans la musique: Allemagne nazie, Irlande du nord, Afrique du sud. La chanson pose la question de l’engagement et de l’individu qui doit « choisir son camp » dans un pays en guerre.
Ecoutez-là et entraînez-vous à la chanter avec le karaoke.

 

Vous pouvez télécharger et imprimer les paroles de la chanson en cliquant sur le lien :

Goldman Jean-Jacques – Né en 17 à Leidenstadt (paroles)

 

 

 

 

 

 

Voici un tutoriel pour entraîner nos élèves pianistes à jouer la magnifique partie piano de cette chanson :

 

TRAVAIL DE CREATION :

Reprendre en groupe un des couplets de la chanson et créer son propre accompagnement musical en utilisant la voix, des percussions corporelles et/ou des sons enregistrés, avec au moins quatre procédés musicaux qui suggèrent des sentiments tels que angoisse, chaos, terreur, violence… à choisir parmi ceux étudiés : différents modes de jeu, dissonances, cluster, changements brutaux, sprechgesang (parlé-chanté), différentes langues parlées, figuralismes, glissando, sons concrets, mélodisation de la voix parlée…

C’est la création collective qui sera notée; l’investissement de chacun est donc essentiel.

 

 

 

Vous trouverez ici les oeuvres écoutées et étudiées en classe, des applications pour vous exercer.

« Un survivant de Varsovie » (1947), Arnold Schoenberg (1874-1951) Autriche
En 1933, Arnold Schoenberg, peintre et compositeur autrichien, doit fuir le nazisme et s’établit aux États-Unis. Il écrit cette œuvre en 1947, en moins de 10 jours, bouleversé par le récit d’un rescapé du ghetto de Varsovie.
Argument : Un jeune juif rescapé du ghetto de Varsovie raconte les derniers jours de l’insurrection du ghetto. Il s’est retrouvé dans les égoûts et ne sait plus comment il est arrivé là. Il raconte qu’un jour, un sergent a ordonné aux soldats d’en finir avec un groupe de prisonniers juifs, il demande aux gardiens de les compter, mais dans la panique, des personnes âgées ou malades sont tombées et ont été abattues. Il faut alors qu’ils recomptent, de plus en plus vite, car le sergent est pressé de les envoyer dans les camps. Un choeur d’hommes entame alors la prière « Shema Israël » (« Quand tu te coucheras et quand tu te lèveras »).

 

Voici le texte complet de l’oeuvre avec sa traduction française :

Schoenberg Arnold – Un survivant de Varsovie (texte et traduction)

 

Voici une version animée et traduite en français :

 

 

 

En voici la version orchestrale :

 

 

Voici une video pédagogique vous expliquant la différence entre des sons consonants et des sons dissonants, et ce qu’est un cluster :

 

 

 

« Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima » (1961) Penderecki (1933) Pologne
Un Thrène est un chant de douleur et de deuil chez les Grecs anciens. Ecrite en 1961 pour 52 instruments à cordes, cette œuvre est dédiée aux victimes de la première bombe atomique de l’histoire, lancée par l’armée américaine le 6 août 1945 sur la ville japonaise d’Hiroshima.

 

 

 

Cette musique a été utilisée, entre autres, dans le film « The shining » réalisé en 1980 par Stanley Kubrik d’après un livre de Stephen King : La famille Torrance déménage temporairement à l’hôtel Overlook, dont la gérance pendant la saison morte a été confiée à Jack, le père. Ce dernier est prévenu lors d’un entretien d’un menu détail, le coup de folie d’un ancien gérant qui a tué sa famille. L’hôtel a aussi été construit sur un ancien cimetière indien. Son fils Danny est le premier à ressentir le mal qui possède l’hôtel, grâce à un pouvoir psychique qu’il manifeste via un ami imaginaire, ce avant que Jack ne bascule petit à petit dans la folie.

En voici la bande annonce.

 

 

 

 

Le même film présenté avec une autre musique, qu’en pensez-vous ?

 

 

 

« Different trains » (1988), musique mixte pour quatuor à cordes et bande magnétique. Steve Reich (1936) USA
L’œuvre est constituée de 3 parties : « America – Before the War » (9′); « Europe – During the War » (7’30 »); « After the War » (10’30 »).

Voici « During the war » extrait du film « Holocaust – A music memorial film from Auschwitz » avec le Smith Quartet, tourné dans le camp de Birkenau.

 

 

 

Voici le texte intégral et sa traduction des paroles prononcées dans cet extrait.

 

Voici un extrait du documentaire « Phase to face » où Steve Reich parle de « Different trains » : « L’idée générale est d’utiliser des enregistrements de conversations comme matériau musical. L’idée de cette composition vient de mon enfance. Lorsque j’avais un an, mes parents se séparèrent. Ma mère s’installa à Los Angeles et mon père resta à New York. Comme ils me gardaient à tour de rôle, de 1939 à 1942 je faisais régulièrement la navette en train entre New York et Los Angeles, accompagné de ma gouvernante.
Je songe maintenant qu’étant juif, si j’avais été en Europe pendant cette période, j’aurais sans doute pris des trains bien différents. En pensant à cela, j’ai voulu écrire une œuvre qui exprime avec précision cette situation. »

 

 

 

Voici la photo du garçon dans le ghetto de Varsovie dont parle Steve Reich :

 

 

Exercice 1 : Saurez-vous répondre au questionnaire sur « Different trains » ici ?

 

 

La technique de « mélodisation » de la parole développée par Steve Reich est reprise actuellement par le musicien français Christophe Chassol (né en 1976), qui harmonise et mélodise les paroles, les bruits et les sons de la rue, dans un genre qu’il a baptisé l’ultrascore.

 

Retrouvez-le sur sa chaîne YouTube et dans cette video où il s’inspire d’un jeu de cour de récréation.

 

 

 

 

 

Voici la Symphonie n° 3, « des chants plaintifs » 2ème mouvement, Henryk Gorecki (1933-2010) (Pologne)
« Maman, ne pleure surtout pas.
Vierge très pure, Reine du Ciel,
Protège-moi pour toujours. »
C’est la prière chantée par la soprano dans ce deuxième mouvement, d’autant plus émouvante quand on connait sa provenance : cette prière fut écrite sur le mur de la cellule n°3 au sous-sol du siège central de la Gestapo à Zakopane (sud de la Pologne). Au-dessous se trouvait la signature d’Helena Wanda Blazusiakowna, et ces mots : « âgée de 18 ans, emprisonnée depuis le 25 septembre 1944 ».

 

 

 

Exercice 2 : Saurez-vous replacer les oeuvres et les évènements dans la chronologie ici ?

 

Exercice 3 : Saurez-vous répondre au questionnaire sur l’art et la mémoire ici ?

 

 

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