Rachid Taha est mort d’une crise cardiaque ce mercredi 12 septembre à son domicile à l’âge de 59 ans.
Il était une des personnalités fortes et attachantes de la scène rock hexagonale dès ses débuts en 1981 avec Carte de Séjour, qu’il avait formé à Lyon avec quatre autres musiciens et dont il était le charismatique leader.
Si, musicalement, Carte de séjour s’était démarqué en réussissant la fusion entre raï et rock – une démarche artistique que ne cessera d’avoir Taha par la suite, mélangeant, sons moyen-orientaux avec musiques world, funk ou encore techno -, le groupe était très engagé dans sa prose, au point de devenir un porte-drapeau de la communauté française d’origine maghrébine de seconde génération.
Né en Algérie, près d’Oran, et arrivé en France à 10 ans, il était encore ouvrier quand il se lança dans l’aventure Carte de Séjour. Incarnant la génération « beur », le groupe participa notamment à la fameuse Marche pour l’égalité et contre le racisme en 1983.
Une chanson illustra l’engagement qui caractérisa Taha jusqu’au bout, « Douce France » (1986), que Charles Trénet créa en 1943 pour soutenir les expatriés de force durant la Seconde Guerre mondiale; Taha en fit l’hymne d’une jeunesse française métissée et tolérante.
En solo à partir de 1989, Taha, qui a grandi avec le punk et le rock, ne cessa par la suite d’y rester fidèle, tout en les infusant de musique orientale, comme avec sa reprise de « Rock the Casbah » (2004) du Clash.
Taha donna une exposition hors du monde arabe à l’Algérie et au chaâbi avec sa reprise en 1997 d’une de ses chansons les plus populaires « Ya Rayah », immortalisée avant lui par Dahman El Harrachi.
Un an plus tard, il remplissait Bercy avec Khaled et Faudel pour le spectacle « 1,2,3 Soleils ».
En 2016, Rachid Taha reçut une Victoire de la musique pour l’ensemble de sa carrière, avant de créer le projet CousCous Clan avec Rodolphe Burger.
Il s’apprêtait à sortir chez Believe un nouvel album, dont le premier single devait s’intituler « Je suis africain ».